7 juin 2022

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Bac Blanquer 2022 : amateurisme et mépris du travail des enseignants et de leurs élèves.

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La mise en œuvre de la première session du baccalauréat Blanquer aura donné lieu, comme c’était prévisible, à une succession de dysfonctionnements. Continuons à nous faire entendre et à demander la mise à plat totale de cette réforme.

Une désorganisation complète de cette fin d’année.

Les épreuves d’enseignement de spécialité se sont déroulées au mois de mai, entrainant avec elles une désorganisation totale de la fin d’année scolaire. Après les journées banalisées pour les élèves de première et de seconde pour assurer des conditions propres de passation des épreuves dans les lycées, les réunions d’entente et d’harmonisation et le temps libéré indispensable pour la correction, beaucoup d’heures de cours ont été perdues. Après la "reconquête du mois de juin", dans certains établissements, on s’est demandé comment ne pas perdre nos élèves au mois de mai. Nous demandons l’organisation de ces épreuves en même temps que la philosophie, fin juin.

Une surcharge de travail pour l’ensemble des personnels.

L’organisation de ces épreuves aura alourdie considérablement la charge de travail de fin d’année. Les fins d’années scolaires sont toujours chargées : terminer les programmes pour tous, sachant les perturbations qu’on a connues cette année encore ; mener à bien les opérations de 3e trimestre et de fin d’année (bulletins + livrets scolaires + travail sur l’orientation avec les échanges avec les familles pour Professeurs Principaux + conseils de classe) ; finaliser la préparation de nos élèves au Grand Oral, sachant que les enseignants concernés sont les mêmes que pour les EDS et que s’organisent des GO blancs dans de nombreux lycées en cette fin d’année ; préparer les quelques élèves qui n’auront pas de moyenne « représentative », aux épreuves de remplacement (épreuves qui, en plus, ne sont pas rémunérées !). La correction des copies de baccalauréat durant l’année scolaire s’apparente à de la maltraitance pour les personnels.

Une surcharge plus particulière en Français et en Sciences.

Les professeurs de Lettres sont particulièrement impactés par la réforme Blanquer. Dans l’obligation de terminer leur programme et de préparer les élèves aux épreuves écrites et orales, ils sont cette année plus que d’ordinaire vraiment mal menés. Beaucoup d’entre eux ont reçu des convocations aux épreuves de l’EAF à la fois à l’oral et l’écrit de l’EAF, mais aussi à la correction de l’écrit du BTS ou aux épreuves de LLCA. Ceci est d’autant plus surprenant que depuis plusieurs années, ils avaient l’assurance de ne pas dépasser deux missions de correction par examinateur. Nous demandons que les professeurs de lettres n’aient que deux épreuves d’examen à faire passer. Exemple : EAF écrit + oral ou EDS + GO ou BTS + EAF oral.
Les professeurs de Physique-chimie et de S.V.T ont dû quant à eux organiser et faire passer les ECE durant la période de correction des copies, de préparation du GO, en devant également cette année faire les corrigés eux-mêmes des ECE ! Sans grille de correction et barèmes préétablis c’est l’harmonisation, qui n’est pas possible créant de fait une rupture d’égalité entre les candidats.

Des inégalités criantes entre les élèves.

L’organisation des épreuves de spécialité en plus de désorganiser la fin de l’année scolaire a été vécue légitimement comme source d’injustice par de nombreux élèves. Les sujets proposés lors des deux journées d’examen pouvaient être de nature et de difficultés substantiellement différentes. C’est le cas en HGGSP, en SVT, en SES mais aussi en Science de l’ingénieur où est apparu un écart de 4 points entre les moyennes des deux journées ! En économie-gestion le barème a dû aussi être modifié pour tenir compte des différences importantes d’écart-type. Dans certaines disciplines les barèmes étaient totalement incompréhensibles au regard des attendus et des objectifs des programmes. L’organisation d’épreuves nationales terminales par discipline fin juin est plus que jamais indispensable, garant de l’égalité entre les élèves et de l’exigence que nous demandons à nos élèves toute l’année.

Une surveillance des correcteurs via l’application Santorin

Lors des corrections certains collègues ont reçu des « petits mots » de la part de certains coordinateurs ou des corps d’inspection, comme cela s’est produit les années antérieures, engendrant ainsi de la part des collègues un sentiment de « surveillance ». Des collègues ont même reçu d’une gestionnaire du Rectorat un courrier demandant aux collègues d’accélérer la correction de leurs copies. En cas d’absence de correcteur, les collègues peuvent être amenés à évaluer au pied levé un paquet de copies au dernier moment. Dans cette situation, nous pouvons comprendre que ces derniers soient dans l’impossibilité de corriger. Nous dénonçons cette infantilisation.

Les interventions et demandes du SNES

Le SNES-FSU Montpellier est intervenu déjà trois fois auprès du rectorat : lundi 25 avril en bilatérale avec la DEC, jeudi 19 mai en Groupe de travail académique à la demande du rectorat et mercredi 25 mai en audience à l’issue d’un rassemblement intersyndical (SNES-FSU, SUD-educ, SNALC, FO, CGT-educ) pour exiger des améliorations rapides et que soient reconnus et respectés nos missions, nos métiers, notre travail. C’est comme ça que nous avons pu demander et obtenir les 4 demi-journées pour les corrections des copies.

Dans l’immédiat le SNES-FSU Montpellier demande :
 Pour les enseignants de Lettres : le respect de la répartition des missions de correction la dispense des surveillances des épreuves écrites dès le 13 juin, date à laquelle ils reçoivent les récapitulatifs qu’ils doivent travailler dans l’optique du passage des oraux.
 Que la période de correction des copies y compris d’EDS prenne fin juin comme pour toutes les disciplines.
 Que toutes les épreuves donnent droit à compensation indemnitaire y compris les épreuves ponctuelles de remplacement pour les candidats individuels ou les candidats scolaires.
 Que cessent les surveillances et les injonctions sur la plateforme Santorin.

A plus long terme le SNES-FSU demande :
 Le retour aux épreuves terminales, nationales et anonymes des épreuves du baccalauréat en fin d’année scolaire.
 La fin du contrôle continu qui fait la preuve de son côté anxiogène et inégalitaire.
 Le retrait de l’épreuve du GO source majeure d’inégalités scolaires et sociales entre les élèves. Organisées du 20 et le 25 juin, des surprises sont encore à attendre car peu de changements dans l’organisation.

Faites-nous remonter (à s3mon@snes.edu) tous les dysfonctionnements que vous avez-pu constater sur les sujets des épreuves, les éléments de correction, l’harmonisation des copies ou l’usage de la plateforme Santorin. Vos remontées nous sont précieuses pour argumenter auprès du rectorat et du Ministère et contribuer à l’amélioration du service public d’éducation mis à mal après 5 ans de Ministère Blanquer.

Montpellier le 7 juin 2022